La sécurité : un défi pour la livraison par drone dans le monde entier

Mark Patrick, directeur du contenu technique chez Mouser Electronics EMEA, nous présente sa vision de l’avenir des drones pour la logistique et les obstacles à surmonter pour assurer leur développement.

  • Mark Patrick, directeur du contenu technique chez Mouser Electronics EMEA.
    Mark Patrick, directeur du contenu technique chez Mouser Electronics EMEA.
  • Fourniture de repas par drone (Crédit : Andy Dean Photography – Shutterstock.com).
    Fourniture de repas par drone (Crédit : Andy Dean Photography – Shutterstock.com).

Le marché des drones de livraison est prêt à s’envoler. L’utilisation de drones autonomes pour la livraison de marchandises présente de nombreux avantages comme l’allègement du trafic routier, la réduction des émissions de carbone (grâce à l’utilisation de drones alimentés par des batteries au lieu de véhicules thermiques), des délais de livraison plus courts et une réduction des coûts de livraison. Les sociétés de distribution de colis aux particuliers testent la livraison par drone depuis plusieurs années et l’expérience suscite un engouement généralisé qui ne tarit pas, souligne Mark Patrick, directeur du contenu technique chez Mouser Electronics EMEA.

 

Un marché prometteur pour les drones

 

L’avenir du transport de marchandises est prometteur. Markets And Markets estimait à 228 millions de dollars la part du segment des drones de livraison au sein du marché mondial des drones électriques en 2022. Le cabinet d’études prévoit également que ce segment de marché connaîtra une croissance rapide pour atteindre 5,5 milliards de dollars d’ici 2030(1).

Les drones sont depuis longtemps capables d’identifier des objets, de les prendre en charge, de se rendre à la destination indiquée et d’y déposer ces articles, tout cela sans intervention humaine. L’Europe est en passe de devenir le deuxième plus grand marché des drones de livraison avec un volume de chiffre d’affaires qui devrait s’élever à 6146,1 millions de dollars à l’horizon 2030(2). Cependant, le marché mondial a été freiné par des considérations sécuritaires qui interdisent d’exploiter des drones de livraison en l’absence de contrôle visuel par des opérateurs humains.

Ces préoccupations incitent les organismes de réglementation européens, comme l’Agence de l'Union européenne de la sécurité aérienne (AESA), à élaborer des réglementations exhaustives pour l’exploitation des drones. Ces réglementations portent sur l’accès à l’espace aérien, l’octroi de licences aux pilotes, l’identification des drones et les protocoles de sécurité. Par exemple, l’AESA élabore des cadres réglementaires pour l’exploitation des drones au-delà de la ligne de visée visuelle (BVLOS). Des programmes pilotes et des essais sont en cours pour tester la technologie et recueillir des données qui serviront de base aux futures réglementations. Cette décision ouvre la voie au secteur des drones de livraison pour s’implanter sur le marché. Si ces réglementations sont nécessaires pour garantir la sécurité, elles peuvent aussi augmenter la complexité et les coûts d’exploitation, ce qui freine la croissance du marché.

 

Amazon et Uber, pionniers des drones de livraison

 

L’importance du marché des drones de livraison est attestée par le fait que certaines des plus grandes entreprises au monde y participent.

Amazon a été l’un des premiers à tester un service de livraison par drone. Cette entreprise a récemment déclaré qu’elle étendrait son service Prime Air au Texas et a annoncé son intention de l’introduire dans un site au Royaume-Uni et en Italie avant la fin de l’année 2024(3).

Uber expérimente un service de drones en complément de son service Uber Eats(4). La solution proposée par Uber consiste à assurer par drone la livraison des commandes de repas jusqu’à un point précis, où un chauffeur Uber prend ensuite le relais pour assurer la livraison sur le dernier kilomètre.

La décision d’Uber de ne pas laisser les drones livrer directement aux clients expose les principaux points faibles de la technologie actuelle des drones. Actuellement, il est financièrement impossible de construire une flotte de drones de livraison capable de naviguer avec suffisamment de précision dans des zones densément peuplées et de déposer des repas sur le pas de porte de façon exacte, sûre et minutieuse. La livraison à une adresse précise dans un immeuble d’habitation est tellement compliquée sur le plan logistique qu’il n’existe aucun moyen pratique de l’exécuter par drone.

L’utilisation de drones de livraison au dernier kilomètre pose d’autres problèmes. La plupart des engins utilisés aujourd’hui ont une charge utile maximale de 1 à 2,2 kg. De plus, les drones de livraison sont généralement assez légers et, selon le modèle, peu résistants au vent ou à la pluie. Dans certaines conditions météorologiques, ils pourraient même être inexploitables.

On se dirige donc plutôt vers une utilisation accrue des drones pour la livraison de colis commerciaux, mais aussi pour de nombreuses autres applications, notamment les interventions d’urgence et la surveillance de la sécurité. Un fort succès de seulement quelques-unes des utilisations possibles des drones suffirait à rapidement couvrir le ciel de drones. L’administration fédérale américaine de l’aviation (FAA) et d’autres agences similaires dans le monde entier doivent encore se pencher sur le défi que cette évolution représenterait pour la gestion du trafic aérien.

 

Des progrès dépendant des améliorations apportées aux batteries et capteurs

 

Les drones continueront à gagner en performance à mesure que les technologies qui les composent évoluent. Les batteries deviendront de plus en plus efficaces et légères. Leur charge et leur autonomie augmenteront et le temps de recharge diminuera.

L’évolution constante de la technologie des capteurs permettra de rendre les opérations autonomes plus sûres et la navigation plus précise. Parmi les exemples actuels de capteurs utilisés pour améliorer les performances des drones, citons le module UDR (Untethered Dead Reckoning) NEO-M8U d’U-blox, qui utilise la technologie UDR pour une navigation continue sans nécessiter d’informations sur la vitesse du véhicule, et le module GNSS compact LC86G de Quectel, qui contient un jeu de puces amélioré et est compatible avec les systèmes GPS, GLONASS, BDS, Galileo et QZSS.

Au fur et à mesure que les entreprises de drones électriques et leurs clients accumuleront de l’expérience avec des drones autonomes de plus en plus performants, la réglementation devrait s’assouplir, favorisant ainsi l’adoption de cette nouvelle technologie.

(1) https://www.marketsandmarkets.com/Market-Reports/drone-package-delivery-market-10580366.html

(2) https://www.statista.com/statistics/1136500/global-drone-delivery-service-market-size

(3) https://www.aboutamazon.com/news/operations/amazon-prime-air-drone-delivery-updates

(4) https://www.electropages.com/blog/2023/06/ubers-partnership-serve-robotics-future-delivery

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Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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