La transition vers une électronique durable ne se limite plus à réduire la consommation d’énergie ou à optimiser les procédés industriels. Une vision beaucoup plus large s’impose désormais, intégrant la réparabilité, la modularité et la gestion du cycle de vie. À l’heure où les volumes de déchets électroniques atteignent des niveaux sans précédent, ingénieurs, fabricants et distributeurs réévaluent leurs pratiques pour concevoir des systèmes capables de durer, d’être entretenus et d’être mis à jour. Cette évolution traduit un changement profond : la durabilité n’est plus un objectif périphérique, mais un principe de conception.
Déchets électroniques : l’autre coût du progrès technologique
Avec 62 millions de tonnes générées en 2022 et une progression attendue de 32 % d’ici 2030, les déchets électroniques constituent l’un des flux de déchets à la croissance la plus rapide. Une part significative provient d’équipements mis au rebut alors que seule une composante dysfonctionne ou qu’une mise à jour aurait suffi à prolonger leur utilisation.
Les causes sont bien connues : appareils scellés, composants collés, pièces détachées indisponibles, documentation technique inaccessible ou architecture trop miniaturisée pour permettre un démontage sans risque. Ce phénomène touche aussi bien le grand public que les secteurs industriels, médicaux ou les bâtiments intelligents.
Pourtant, la réparation apparaît comme l’un des leviers les plus efficaces de réduction de l’empreinte environnementale. Remplacer une carte, une batterie ou un module de communication peut éviter le remplacement complet d’un système. De même, prolonger la durée de vie d’équipements industriels réduit les investissements en capital, les interruptions de service et l’impact environnemental associé à de nouveaux cycles de fabrication.
La montée du “Right to Repair” : une pression citoyenne et industrielle
Le mouvement Right to Repair (droit à la réparation) contribue à transformer la manière dont les produits sont conçus. Les consommateurs revendiquent un accès aux schémas, outils, pièces détachées et procédures de maintenance. En parallèle, les ingénieurs doivent désormais intégrer la réparabilité dès la conception : accessibilité des composants, modularité, interfaces logicielles évolutives, fonctions de diagnostic embarquées, boîtiers non scellés ou démontables.
Des acteurs tels qu’iFixit ont fortement contribué à démocratiser cette approche en mettant à disposition manuels gratuits, guides de démontage et notations de réparabilité. Leur collaboration avec les fabricants incite l’industrie à repenser la conception de produits plus faciles à entretenir. Les distributeurs jouent également un rôle croissant : Mouser propose par exemple des kits d’outillage spécialisés iFixit permettant aux ingénieurs, techniciens et utilisateurs d’intervenir sur des assemblages complexes, qu’il s’agisse de smartphones, d’ordinateurs portables ou d’équipements embarqués.
Cette dynamique entraîne un changement culturel : la réparabilité devient une caractéristique objective, mesurable et valorisée, au même titre que la performance ou la sécurité.
Maintenance prédictive : la durabilité comme stratégie opérationnelle
Dans les bâtiments, infrastructures et systèmes industriels, la durabilité prend une forme différente : celle de la maintenance intelligente et de la surveillance continue. Les approches basées sur la maintenance prédictive permettent de détecter les dégradations avant qu’elles ne provoquent des arrêts ou des défaillances coûteuses.
Les capteurs intégrés constituent le cœur de ces dispositifs. Vibrations, inclinaison, température, pression ou microdéplacements : autant d’indicateurs exploitables pour anticiper une perte de performance ou une usure structurelle. Les équipes de maintenance peuvent alors intervenir au moment opportun, sans sur-maintenance ni arrêts inutiles.
Les inclinomètres numériques biaxiaux SCL3400-D01 de Murata illustrent cette tendance. Leur stabilité métrologique à long terme et leur robustesse en font des outils adaptés à la surveillance de ponts, ascenseurs, structures mécaniques lourdes ou équipements industriels critiques. Installés dès la construction ou en rétrofit, ces capteurs fournissent un flux de données en temps réel permettant d’adapter les plans de maintenance, de préserver l’intégrité des infrastructures et d’allonger leur durée d’exploitation.
À l’échelle économique, ces technologies offrent un retour sur investissement clair : moins d’interventions imprévues, meilleure disponibilité, réduction du matériel consommé et limitation du remplacement prématuré d’actifs. Sur le plan environnemental, elles limitent les déchets et améliorent l’efficacité énergétique globale.
Vers une électronique conçue pour durer
Le point commun entre réparabilité, modularité et maintenance intelligente réside dans la même transformation : la durabilité devient un critère d’ingénierie. Les systèmes électroniques sont désormais pensés pour être réparés, mis à jour, supervisés et améliorés tout au long de leur cycle de vie.
Les distributeurs, en proposant outils spécialisés, capteurs avancés et composants modulaires, renforcent cette dynamique. Les fabricants, encouragés par le marché comme par les réglementations, adoptent une conception plus ouverte, plus accessible et orientée disponibilité. Les ingénieurs, quant à eux, disposent d’un cadre pour concevoir des architectures plus robustes, adaptées à des usages prolongés et à des interventions plus simples.
La convergence entre attentes sociétales (Right to Repair), innovations techniques (capteurs intelligents, diagnostic embarqué) et réalités industrielles (coûts d’exploitation, optimisation énergétique) redéfinit la notion même de qualité produit.
Dans cette nouvelle grammaire de l’électronique, un système durable est un système que l’on peut réparer, comprendre, surveiller et faire évoluer. C’est ainsi que se dessine une industrie plus responsable, plus résiliente et plus pérenne.






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