Rencontre avec Jean-Marc Scolari, gérant de Fronius France

Jean-Marc Scolari nous présente les activités du groupe familial autrichien Fronius, spécialisé dans le soudage, les énergies renouvelables et les chargeurs de batteries. Fronius emploie 6 500 collaborateurs dans le monde et prévoit un chiffre d’a

  • Jean-Marc Scolari, gérant de Fronius France.
    Jean-Marc Scolari, gérant de Fronius France.

Spécialisé dans le soudage, les énergies renouvelables et les chargeurs de batterie, le groupe autrichien Fronius vient de célébrer ses 75 ans d'existence. Pouvez-vous nous retracer son historique et les étapes de son développement ?

Jean-Marc Scolari : Fronius est un groupe familial basé à Wels, en Haute-Autriche. Le fondateur, Günter Fronius, a commencé à produire des chargeurs pour les batteries de démarrage de véhicules dès les débuts de l’entreprise, au lendemain de la seconde guerre mondiale. En 1950, Fronius a lancé son activité de soudage en introduisant peu à peu des ruptures technologiques, grâce à des investissements en R&D conséquents. En tant que précurseurs dans de nombreux domaines, nous avons, par exemple, été les premiers à lancer les technologies d’onduleurs. En cohérence avec ses valeurs, le groupe se lance dans les énergies renouvelables, en se spécialisant notamment sur la conception et fabrication d’onduleurs photovoltaïques et de systèmes de télésurveillance. Au cours des trois quarts de siècle précédents, nous avons donc évolué en tant qu’entreprise familiale et depuis notre atelier régional de réparation spécialisé, notre entreprise est devenue un acteur mondial.  Aujourd’hui, Fronius transforme l’énergie solaire en courant alternatif grâce à ses produits, alimente en énergie nouvelle les véhicules d’intralogistique à batterie et utilise l’électricité provenant de la prise électrique pour des procédés de soudage avancés ! Grâce à ce champ de compétences, nous accompagnons les plus grands constructeurs automobiles, des groupes industriels leaders sur leur marché, des acteurs de la logistique.

 

En quelques chiffres clés, quelle est l'importance du groupe Fronius : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de sites de production… ?

Jean-Marc Scolari : Notre développement s’appuie sur trois activités principales. Le marché historique des techniques de recharge qui est stable, mais désormais minoritaire dans notre chiffre d’affaires, celui du photovoltaïque, qui est plus fluctuant avec des taux de croissance pouvant atteindre des records, et le soudage, un marché mature. En 2022, notre chiffre d’affaires consolidé était de 1,2 milliard d’euros, dont 490 M€ pour l’activité de soudage, 55 M€ pour l’activité de chargeurs, et le reste pour le photovoltaïque. Cette année, l’activité photovoltaïque va être multipliée par plus de deux et le chiffre d’affaires consolidé du groupe devrait atteindre 1,7 milliard d’euros. Le groupe emploie 6 500 collaborateurs dans le monde, possède 37 filiales et est présent dans 120 pays à travers des distributeurs. La filiale française, basée à Roissy, près de Paris, existe depuis 1993. Nous fêtons donc nos 30 ans cette année ! Il est aussi important de noter que nous sommes un fabricant 100% européen. Tous nos sites de production sont situés en Autriche, à l’exception des transformateurs qui sont fabriqués en République tchèque, tout proche de notre siège autrichien.

 

Quelles sont les orientations privilégiées et quels sont vos produits les plus innovants ?

Jean-Marc Scolari : Dans le contexte géopolitique actuel, notre activité Solar Energy est extrêmement sollicitée. Nous sommes maintenant l’un des principaux acteurs du marché, avec plus de trois millions d’onduleurs vendus et une puissance installée de 26 GW.  Dans le domaine du soudage, nous sommes très présents dans le secteur automobile. Nous nous orientons de plus en plus vers les produits dits “intelligents” pour répondre aux demandes de ce marché. Pour cela, nous avons aussi accru les efforts liés au développement de la robotique. Nos clients peuvent maintenant disposer de cellules robotisées qui permettent d’automatiser le soudage de pièces, même complexes. Nous avons aussi constaté une réelle demande de connectivité et de traçabilité des opérations de soudage. C’est pourquoi nous développons depuis plusieurs années des outils facilitant l’acquisition de données permettant de suivre en temps réel les opérations de soudage et d’assemblage dans les usines.  Enfin, nous proposons aussi des prestations de conseil et d’accompagnement et un service après-vente particulièrement performant à nos clients.

 

Que représentent les investissements de Fronius en recherche et développement ?

Jean-Marc Scolari :  Nous ne sommes pas une “simple entreprise de production”. Nous sommes depuis longtemps reconnus comme une entreprise de haute technologie. Fronius emploie 650 ingénieurs et chercheurs pour développer les produits de demain avec une réputation d’innovation et de fiabilité. Nous détenons d’ailleurs un total de 1 366 brevets délivrés. Tous nos produits sont conçus et développés en Autriche. Nous avons un modèle totalement intégré avec des exigences très fortes sur le choix des composants. C’est indispensable pour proposer des solutions durables, mais aussi sûres pour les utilisateurs. En effet, les aspects santé et sécurité sont au centre de nos préoccupations. Les métiers du soudage sont, par exemple, très exigeants. Il y a des risques par rapport aux projections, aux inhalations de fumées. Nous cherchons donc aussi à développer du matériel de protection très haute performance pour faciliter le travail des soudeurs au quotidien. Cette année nous avons d’ailleurs fait le choix de nous focaliser sur ces sujets lors du salon Global Industrie à Lyon. En effet, nous pensons qu’il est indispensable de mieux communiquer sur les moyens de réduire les risques et la difficulté du métier au vu des pénuries de compétences constatées.

 

Comment analysez-vous le marché du soudage et quels sont vos objectifs à moyen terme sur le marché national ?

Jean-Marc Scolari : Nous employons une centaine de collaborateurs en France. Notre modèle de déploiement passe, d’une part, par une collaboration avec des partenaires distributeurs et, d’autre part, par une réelle proximité avec les grands donneurs d’ordre industriels. Avec les fortes tensions qui pèsent sur les métiers du soudage, nous renforçons notre travail à destination de ces derniers, sur la formation aux procédés de soudage et aux possibilités qu’offrent nos générateurs et torches par exemple. Bien sûr, nous nous adressons aussi aux PME avec lesquelles nous avons démarré la vente de cobots il y a deux ans, afin de leur permettre d'adresser de nouveaux marchés. A notre échelle, nous sommes fiers d’apporter notre pierre à l’édifice pour la réindustrialisation de la France.

 

A quels salons professionnels comptez-vous participer prochainement ?

Jean-Marc Scolari : Nous serons présents à Global Industrie, du 7 au 10 mars, à Lyon, avec nos influenceurs partenaires :  Christophe Lagarde, qui réalisera des démonstrations de soudage en live le jeudi 9 mars, et le “RéCycleArtiste professionnel” Shoodrik. Nous serons également à la grand-messe du soudage, Welding and Cutting (« Schweissen und Schneiden »), - soudure et découpe -, du 11 au 15 septembre, à Essen, en Allemagne, où nous aurons un stand de 1 200 m2 sur lequel nous exposerons des nouveautés qui seront nos produits phares pour les deux prochaines années.

Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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