- Comment se répartissent les différentes activités de Schneider et comment le pôle automatismes industriels se positionne-t-il au sein du groupe ?
Aymeric Renaud : Schneider Electric est un groupe français hautement diversifié qui est l’un des leaders mondiaux dans le domaine de la gestion de l’énergie avec notamment ses produits en moyenne et basse tension, ses onduleurs destinés aux data centers et ses solutions de pilotage pour le monde du bâtiment, ainsi que dans l’amélioration de la productivité à travers ses solutions d’automatismes industriels, avec une vision transversale de transformation digitale et la cybersécurité de ces architectures. L’ensemble du groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 38 milliards d’euros au cours de l’exercice 2024. Schneider Electric est fortement internationalisé avec une présence aux Etats-Unis, premier marché du groupe avec 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, devant l’Europe avec 9 milliards d’euros, puis la Chine et l’Inde. Les activités dédiées à la gestion de l’énergie et l’électrification représentent une part très importante du groupe avec environ 30 milliards d’euros. Les activités automatismes et process industriels, avec par exemple des variateurs de vitesse, des automates, ainsi que les logiciels pour automatismes industriels de notre filiale Aveva, complètent notre offre et constituent un axe stratégique important. Ces activités représentent 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit environ 20% du total du groupe, intégrant la performance Aveva.
- Pourquoi les solutions logicielles sont-elles importantes pour l’amélioration de la productivité des entreprises industrielles ?
Aymeric Renaud : Schneider développe aussi bien des solutions matérielles que logicielles afin de pouvoir connecter nos produits à des solutions concurrentes. Les solutions logicielles permettent d’agréger les données de production. Aveva se positionne d’ailleurs en tête des logiciels pour l’industrie en France et dans les premiers acteurs du logiciel dans le monde industriel. Aujourd’hui, il est devenu évident que l’or noir de l’industrie, c’est la data. Aveva permet aux entreprises industrielles de récupérer les données, de les contextualiser afin de réaliser une analyse poussée de leur processus et d’améliorer leur productivité, et par suite leur empreinte carbone.
- Comment percevez-vous la demande en matière d'amélioration de la productivité et de solutions d'automatisation ? Le marché de l'automatisation est-il en progression malgré la conjoncture difficile ?
Aymeric Renaud : Le marché des automatismes industriels progresse globalement. Mais au cours des années qui ont suivi la période Covid, nous avons rencontré des écarts de comportement découlant d’une problématique liée à la logistique. Nous avons enregistré d’importantes commandes en 2021-2022, notamment pour les variateurs de vitesse et les automates, dans le but de constituer des stocks, avec une progression qui atteignait parfois 20% par an. Les commandes ont ensuite évolué à la baisse avant de progresser à un rythme moins soutenu au cours des deux dernières années car les industriels devaient écouler leurs stocks. Il faut analyser la dynamique du marché en fonction des segments auxquels nous nous adressons. Certains secteurs sont très dynamiques comme la défense, les transports, en particulier dans les aéroports, ou encore les datas centers. D’autres sont plus attentistes comme l’agroalimentaire et offrent moins de visibilité. Et d’autres comme l’automobile sont sinistrés.
- Sur quels types de produits les efforts de Schneider en matière d’innovation se portent-ils actuellement ?
Aymeric Renaud : Nous consacrons 6% de notre chiffre d’affaires à la R&D. L’un de nos produits phares est l’automate M580 adapté à de nombreuses industries. Il a par exemple été retenu pour équiper les centrales nucléaires EPR2. Nous avons également élargi notre gamme de variateurs de vitesse qui équipent par exemple les dépoussiéreuses chez Arcelor. Deux tiers des moteurs dans le monde ne sont pas équipés de variateurs. Or, ils procurent des économies substantielles. Le potentiel de progression est donc important dans ce domaine. Nous proposons aussi des automates entièrement redondants qui permettent de travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, notamment pour les secteurs du process comme la chimie. Nous avons également un portefeuille de produits riche en signalétique, avec des boutons poussoirs ou encore des colonnes lumineuses, parmi lesquels nous offrons des dispositifs sans fil. Nous sommes enfin actifs dans la robotique avec des robots delta, des robots Scara et des cobots (« Collaborative Robots ») de plusieurs dimensions ou encore des chariots magnétiques utilisés par exemple pour l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire, ainsi que des contacteurs pour démarrer des moteurs à distance.
- Quelles actions avez-vous entreprises en matière de respect de l’environnement ?
Aymeric Renaud : Nous avons beaucoup travaillé sur la diminution de l’empreinte carbone de nos produits, en y incorporant du plastique recyclé ou de l’acier décarboné. C’est un axe important dans le cadre de notre politique RSE, car le critère de décarbonation de nos produits est de plus en plus suivi par tous les acteurs de la chaine de valeurs. Nous accordons aussi beaucoup d’importance à la réparabilité de nos produits, en particulier pour les interfaces homme-machine, les variateurs de vitesse ou les onduleurs. De plus, la commande publique impose pour certains dossiers, au moins 20% de produits conçus pour être éco-circulaires. Ces actions sont particulièrement importantes pour la notoriété du groupe et elles nous ont permis d’obtenir des distinctions telles que celle de « l’entreprise la plus durable au monde » décernée par Time Magazine en 2024 et 2025.
- Où sont situés vos principaux sites dédiés à l'automatisation en France et à l'étranger ?
Aymeric Renaud : Nous avons plus de 200 sites de production dans le monde dont 25 en France, par exemple un site qui fabrique les automates M580 à Carros (Alpes-Maritimes) et un site qui fabrique des contacteurs au Vaudreuil (Eure). Nous avons également 100 centres logistiques dans le monde dont deux en France, un à Evreux et un autre près de Lyon. Nous avons par ailleurs une approche très partenariale, avec notamment nos distributeurs, tableautiers, intégrateurs et constructeurs de machines qui complètent notre implantation locale.




























