Rencontre avec Jean-Christophe Prunet

Président, Rohde & Schwarz France

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    Rencontre avec Jean-Christophe Prunet

Au lendemain de deux très bonnes années pour le groupe Rohde & Schwarz, Jean-Christophe Prunet Président Rohde & Schwarz France, nous commente les chiffres clés de l'entreprise allemande et de sa filiale française. Il nous explique sur quoi reposent les fondamentaux de cette société, à quoi tiennent ses succès et qu'est ce qui distingue la filiale française au sein du groupe.

Rohde & Schwarz est vraiment un modèle caricatural de la grosse PME allemande reconnue mondialement. Pouvez-vous nous rappeler rapidement ses origines et à qui appartient aujourd'hui cette entreprise ?

Jean-Christophe Prunet: Rohde & Schwarz est une entreprise familiale, une grosse PME typiquement caractéristique du modèle " Mittelstand " allemand, pierre angulaire du succès industriel de l'Allemagne actuelle. Basée à Munich, elle a été fondée en 1933 et appartient encore aujourd'hui aux familles des fondateurs à 50/50. Rohde & Schwarz est toujours restée fidèle à ses métiers historiques, tous ayant un lien avec les communications radio, secteur dont elle est maintenant devenue un expert mondial reconnu.

Quels sont précisément les marchés adressés par Rohde & Schwarz ?

Jean-Christophe Prunet: Rohde & Schwarz repose sur quatre grands secteurs d'activité : le test & mesure qui représente environ la moitié du chiffre d'affaires, la radiodiffusion, les communications sécurisées et la radiosurveillance et radiolocalisation. Rappelons notamment que Rohde & Schwarz est un leader incontesté de la Télévision Numérique Terrestre. Rien qu'en France, nos émetteurs TNT sont installés sur plus de 500 sites (Pic du Midi, Tour Eiffel....). En équipements de radiocommunications sécurisées, nous adressons tout autant les marchés civils notamment avec des réseaux complets pour les transports en commun et les réseaux PMR professionnels (nous avons installé des réseaux Tetra au CNES ou encore le pas de tir Soyouz à Kourou...) que les communications sécurisées comme les marchés de la Défense. Nous avons par exemple été sélectionnés avec nos partenaires Cassidian et DCNS, pour la rénovation des systèmes de communication de la marine française dans le cadre du programme RIFAN2 et avons rénové la totalité des systèmes de communication V/UHF de la flotte française soit 116 bâtiments sous-marins compris, et 64 avions et hélicoptères. Enfin, nous sommes aussi présents dans toutes les activités de contrôle du spectre. Le fait d'être présent sur ces quatre grands secteurs d'activité, nous assure une grande stabilité financière et nous permet de mieux résister à des périodes difficiles.

Justement la renommée et l'implantation de Rohde & Schwarz ne reposent pas uniquement sur cette diversité. Selon vous, quels sont les autres critères sont rentrés en jeu pour arriver à construire votre succès ?

Jean-Christophe Prunet: Hormis le fait que nous ne soyons pas côté en bourse et donc pas liés à des contraintes de rentabilité immédiate, notre succès repose également sur trois piliers opérationnels : le développement, la production et la vente. Nos équipes de développement s'assurent constamment que nous restons en adéquation avec les besoins de nos clients et de leurs normes. Ceci nous permet d'anticiper sur les tendances technologiques. Ainsi nous venons de décider d'investir dans un nouveau centre de développement à Munich. Ce dernier est entièrement autofinancé et sera opérationnel en 2013. Nos dépenses en R&D représentent 15 % de notre chiffre d'affaires qui pour l'année fiscale 2010/2011 s'est élevé à 1,58 Milliards d'Euros. Par ailleurs, en ce qui concerne notre production, la politique du groupe a toujours été très claire. La proximité entre le développement et la production nous assure l'étroite coordination nécessaire à la fabrication d'équipements haut de gamme et aussi à une grande flexibilité. Ceci sans parler des délais de livraison courts et de la qualité élevée. Dans ce sens, nous venons également de renforcer notre unité de production de Memmingen (Allemagne) qui est devenue une des principales usines de produits électroniques en Europe. Reste la vente, secteur pour lequel nous bénéficions en interne d'équipes d'ingénieurs hautement qualifiés qui connaissent bien les besoins et les marchés. Ces trois activités sont très proches et il n'est pas rare que nos clients soient régulièrement en contact directement avec nos unités de production et nos entités de développement.

Comment couvrez-vous l'internationnal? Votre croissance repose-t-elle aussi sur des acquisitions?

Jean-Christophe Prunet: Rohde & Schwarz est présent dans plus de 70 pays avec des filiales en propre dans 60 pays ce qui est très rare. La part de l'export hors d'Allemagne est supérieure à 80 % et la société emploie aujourd'hui 8400 collaborateurs au niveau mondial. Par ailleurs, nous avons effectué trois acquisitions depuis décembre 2010 avec pour objectif principal, des apports technologiques et des ouvertures de marché long terme. Il s'agit de la société DVS dont le siège est à Hanovre, qui emploie 120 salariés et est spécialisée en stockage, distribution (serveur) et post-production d'images. La société Topex est quant à elle située à Bucarest. Elle emploie 140 salariés et est spécialisée, entre autre, en VCS (Voice Communication System) tout IP pour contrôle du trafic aérien. La dernière est la société Ipoque à Leipzig (Allemagne). Cette start-up de 70 salariés est spécialisée dans l'analyse des paquets et trains de données IP. Ces trois filiales rejoignent la société Arpège située à la Ciotat, spécialisée dans le monitoring Satellite et qui a intégrée le groupe il y a quelques années.

La filiale française est la plus ancienne mais aussi la plus importante du groupe en Europe. Comment se passent vos relations avec la maison-mère? Vous laisse-t-on une certaine autonomie?

Jean-Christophe Prunet: Rohde & Schwarz est en France depuis plus de 40 ans. Après 30 années de croissance ponctuée par des records de chiffre d'affaires fin des années 90, Rohde & Schwarz France s'est transformée ces dix dernières années en une entreprise présente et leader dans de multiples segments et intégrée à son écosystème. Nous avons réalisé d'importants investissements pour atteindre une taille critique et justifier de notre propre développement. Etre réactif était devenu indispensable pour nous. Nous avons désormais une expertise locale tous produits, un support local pour toutes les applications et des équipes d'intervention sur sites, ainsi que des capacités d'études et de gestion de projets. Nous disposons aussi de toutes les nombreuses habilitations qui, pour certains domaines sensibles, sont indispensables à notre développement, et notamment l'habilition Défense. Dans notre marché, cette habilitation est indispensable puisque nous traitons des projets où il n'est parfois pas possible de faire intervenir des équipes étrangères. Ainsi nous fonctionnons comme une entreprise française autonome, et c'est la volonté de notre maison mère.

Quels sont vos objectifs à court et moyen terme pour la filiale qui vous dirigez?

Jean-Christophe Prunet: Les challenges sont multiples pour, d'une part, conserver nos positions de leaders sur les marchés que nous adressons, et d'autre part, être prêt à adresser toutes les opportunités qui se présenteront à nous. Car même si nous tendons à améliorer constamment notre support auprès de nos clients afin d'apparaître comme le choix le plus judicieux tant techniquement que par la valeur ajoutée que nous apportons localement, le principal risque qui pèse sur une entreprise comme la nôtre est directement lié à la baisse de nos marchés en France. Désindustrialisation, diminution de l'exportation ou des demandes publiques, faiblesse de l'attractivité de notre filière auprès des jeunes, voilà beaucoup de sujets de préoccupation pour lesquels nous essayons chez Rohde & Schwarz France d'apporter des solutions notamment en participant à des organisations professionnelles comme la FIEEC. Je crois fondamentalement en à la qualité d'innovation des entreprises et des ingénieurs français, qui est souvent insuffisamment valorisée et défendue. J'essaye toujours de rappeler à mes équipes que notre préoccupation, lors de la vente d'un appareil de mesure ou d'un projet plus global, est de faire en sorte que notre client ait, au travers de cet achat, encore plus de succès demain ! Car au-delà de la commande passée, notre véritable satisfaction tient dans le fait que notre entreprise se positionne dans un écosystème où chaque entreprise trouve sa place, participe, vive....

Alain DieulLa mission de PEI est de fournir à ses lecteurs des informations sur les nouveaux produits et services liés au secteur de l'industrie et qui sont disponibles sur le marché français. 

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